Le droit de Dire non!

Bizarre d’observer les remous crées par l’affaire Nafissatou Diallo versus DSK a New York dans les salons Africains  quand  on connait les statistiques Africaines notamment  la sinistre réputation mondiale de la RDC qui détient  le triste statut de pays le plus dangereux du monde pour une femme. Une fois de plus, nous Africains en général si aveugles , sourds et muets aux atrocités commises aux coins de nos rues, nous avons parlés, commentés, critiqués l’affaire en cours, créant des débats houleux entre personnes d’une même famille. Cependant, il ne s’agit pas ici de revenir sur les nombreux détails de l’affaire mais plutôt d’analyser les réactions des uns et des autres, notamment celles des Africains à travers le monde.

Lorsque les règles du jeu de la séduction ne sont pas respectées, ou que l’étape de la drague est inexistante, réduisant la femme a un simple objet sexuel on fait face a un délit grave qui dans de nombreux pays est juge au pénal. Et les Etats Unis sont un des pays qui condamne sévèrement le viol et le harcèlement sexuel –surtout quand le coupable est pauvre et ne peut s’offrir un ténor du barreau-.
Lors de séjours aux Etats Unis je ne comprenais pas très bien pourquoi les hommes fuyaient des le premier signe de résistance verbale ( alors qu’en Afrique le dragueur challengé se serait  se plié en quatre et affiné sa stratégie aux fins de faire céder sa proie). Une amie éclaira ma lanterne ,m’expliquant qu’une drague insistante peut juridiquement être assimilé a un « harcèlement » sexuel. Autres cieux, autres mœurs…

Néanmoins lorsqu’on entend et lis les nombreuses réactions des Guinéens de New York face à la situation de  la présumée victime Nafissatou Diallo on réalise que les mentalités Africaines n’évoluent pas beaucoup, même à 10.000 km … En effet l’un des responsable d’une association peule  – Ethnie à laquelle elle appartient- de New York condamne Nafissatou car « cela n’est pas correct pour une peule de travailler dans un hôtel« , je traduis en clair : si elle ne travaillait pas dans un hôtel , rien ne lui serait arrivé . Le Sieur va jusqu’à dire « qu’elle ne trouvera plus jamais de mari dans sa communauté », Ah ouais, c’est elle qui est la présumée victime mais c’est elle qui est stigmatisée. Comme quoi le bon vieux proverbe qui dit qu’un bout de bois pourra rester longtemps dans un marigot il ne deviendra jamais un crocodile trouve tout son sens. Mais l’intervient qui m’a le plus choquée est celle d’une dame représentante du RPG  (parti au pouvoir en Guinée) la condamne pour avoir sali l’image de la Guinée à l’étranger. Bel exemple de solidarité féminine! Ces commentaires surréalistes emanant de personnes qui auraient normalement dus la soutenir – au moins par patriotisme- font échos aux nombreux commentaires des Africains sur le net. Là aussi, le machisme prévalent dans nos sociétés condamne une fois de plus la femme Africaine. Elle est jugée, son apparence physique est décortiquée « femme assez jolie », son niveau d’éducation est évalué « quasi illettrée » etc. Et le fond du problème? Il passe presqu’au second plan. Cela me rappelle dans une certaine mesure, les multiples raisonnements sans queue ni têtes de certains et certaines –oui les femmes aussi – qui considèrent certaines victimes de viols comme les coupables :  » sa jupe était trop courte », « ses tenues sont sexy »  « son tissage est trop long » et autres absurdités qui confirment que nous avons un long chemin à parcourir avant que les femmes vivent une émancipation de fait sur le continent.
Et les femmes mariées victimes de viol conjugal? Et les nombreuses jeunes filles données en mariage a peine pubère et violées par leur soi disant époux et les centaines de milliers de femmes abusées en silence au vu et su de tous. Elles sont coupables aussi? Peu de voix s’élèvent pour commenter ces réalités de nos pays…
Alors, en revenant sur ce qui s’est passé ce jour là au Sofitel de New York , et en tenant compte de la législation en vigueur aux USA, même si les 2 protagonistes avaient été nus, le « NON » de Nafissatou aurait du être pris en compte (le cas échéant) par le coupable présumé… Donc que l’on soit nus, habilles, sexy ou pas , une femme a le droit de dire non à son partenaire, et ce dernier qui dispose d’un cerveau doit pouvoir se soumettre à la volonté de la femme. N’est ce pas cela la différence entre l’homme et l’animal? La maitrise, la réflexion bref l’utilisation du cerveau au delà des instincts!
La couverture du très sérieux time magazine du 30 Mai 2011 , motivé par la fameuse affaire en cours a  brisé un tabou avec un titre évocateur et controversé «  Qu’est ce qui fait agir les hommes de pouvoir comme des porcs ? ». Au final la plupart dans la plupart des cas évoqués, les hommes impliqués ont su manipulés le système et les médias pour continuer leur vie. Comme avant.  « Ces hommes dits « grands » ou de « pouvoir » pensent ils être au delà de ces règles élémentaires? En ce qui me concerne, je vois peu de différence entre les criminels qui sévissent impunément à l’Est de la RDC détruisant sans répit la vie des 48 femmes de 15 a 49 ans violées par heure – selon la dernière étude publiée début juin 2011 dans le journal américain de santé publique- et ces hommes détenteurs d’une certaine aura politique ou financière qui asservissent et détruisent la vie de nombreuses femmes dont les voix ne seront jamais entendues. Non mes sœurs vous n’avez pas à avoir honte et sachez que vous n’êtes pas responsable du manque de maitrise de certains être dont le comportement s’apparente plus à celui d’un animal sauvage en costume cravate. L’affaire Nafissatou Diallo- DSK a mis en lumière la perception biaisée  de la femme noire libre dans un pays étranger par sa propre communauté. A ce jour DSK est présumé innocent mais Nafissatou qui a osé parler et accuser est culpabilisée pour avoir fait entendre sa voix, privilège de peu de femmes d’Afrique. Alors au lieu de juger, observons et analysons les faits , et espérons que de nombreuses Nafissatou Diallo oserons briser le silence à l’avenir .
©Naboulove 2011 copyrighted

Article paru dans le magazine Kabibi Juil/Aout 2011